Ceux-ci sont utilisés pour développer de nouveaux traitements, notamment contre… le VIH.
La fin d’un partenariat de 30 ans… Le gouvernement de Donald Trump a annoncé ce mercredi 5 juin qu’il mettait fin à toute recherche médicale dans les centres fédéraux sur les tissus prélevés sur des fœtus avortés, accédant à une revendication majeure des militants anti-IVG aux Etats-Unis.
Le département de la Santé a annoncé dans un communiqué que plus aucun chercheur des Instituts nationaux de santé (NIH) ne pourrait travailler sur ce type de tissus.
« Promouvoir la dignité de la vie humaine de la conception jusqu’à la mort naturelle est l’une des premières priorités de l’administration du président Trump », a indiqué le ministère.
Fin de 30 ans de partenariat
En outre, l’administration a indiqué qu’elle ne renouvellerait pas le contrat de financement public, d’un montant de deux millions de dollars par an, avec l’université de Californie à San Francisco (UCSF) pour ses travaux de recherche sur les tissus foetaux. Ceux-ci sont utilisés pour développer de nouveaux traitements contre le VIH, le virus qui cause le sida.
« Les actions d’aujourd’hui mettent fin à un partenariat de 30 ans avec les NIH pour utiliser des modèles conçus spécialement et qui ne peuvent être développés que par le recours à des tissus foetaux pour trouver une guérison au VIH », a réagi dans un communiqué au vitriol le chancelier de l’université.
Le centre universitaire utilise des souris dans lesquelles les chercheurs implantent des cellules fœtales pour créer un système immunitaire proche de celui de l’homme et tester des anticorps potentiels contre le virus.
Le dirigeant universitaire a dénoncé une « décision abrupte », « motivée politiquement, court-termiste et non fondée sur des faits scientifiques ».
Les tissus foetaux sont aussi utilisés pour la recherche contre la maladie d’Alzheimer, les blessures de la moelle épinière et des maladies ophtalmiques, a-t-il rappelé.
La droite applaudit
L’administration républicaine avait lancé un audit sur ce sujet en septembre 2018 et depuis, le contrat avec l’université était sur la sellette, soumis à des extensions de 90 jours. Finalement l’extension actuelle, qui courait jusqu’à mercredi, n’a pas été renouvelée, une décision apparemment sans préavis.
Les projets de recherche financés par des fonds publics dans d’autres universités ou centres de recherche ne seront pas exclus systématiquement à l’avenir, mais seront désormais soumis à une nouvelle procédure impliquant un comité d’éthique consultatif.
La décision n’est pas une interdiction légale : la recherche privée pourra se poursuivre, tant qu’elle n’est pas cofinancée par des fonds publics.
Les opposants au droit à l’avortement ont salué ce changement de politique.
« La plupart des Américains refusent que leurs impôts créent un marché pour des parties de bébés avortés qui sont ensuite implantées dans des souris et utilisées pour des expérimentations », a affirmé l’organisation « Marche pour la Vie ».
« L’Etat fédéral ne peut pas être complice de ces circuits horribles d’achat de tissus foetaux issus de bébés avortés », a déclaré le sénateur républicain Marco Rubio, ancien candidat à la Maison-Blanche.
Cela « va anéantir des recherches cruciales »
Mais pour de nombreux scientifiques, les tissus foetaux sont essentiels pour les recherches de pointe et ils ont déjà permis de nombreuses avancées, notamment pour les vaccins contre la poliomyélite, la rubéole et la rage.
L’arrêt des financements publics « va anéantir des recherches cruciales, ralentir les traitements contre le cancer, le sida, la démence. Interdire le tissu foetal, c’est interdire l’espoir pour des millions de gens qui souffrent de maladies invalidantes », a estimé sur Twitter Lawrence Gostin, professeur en droit de la santé à l’université Georgetown de Washington.
Environ 1,1 million de personnes vivent avec le VIH aux Etats-Unis, où le chiffre annuel de nouvelles contaminations stagne depuis 2013 à environ 39.000 cas. Aucun vaccin n’a encore été trouvé, même si les traitements actuels parviennent à rendre la charge virale indétectable.
La décision du gouvernement Trump intervient après le vote dans plusieurs Etats conservateurs de lois très restrictives sur les interruptions volontaires de grossesse (IVG). L’objectif est de ramener cette question sensible devant la Cour suprême, qui avait légalisé l’avortement en 1973, en espérant un revirement des juges de la Cour où les conservateurs ont désormais la majorité.
Donald Trump, un opposant déclaré à l’avortement, veut également mobiliser la base électorale conservatrice, opposée à l’IVG, alors qu’il briguera un second mandat en novembre 2020.