Le 10 juin, quelque 180 grands patrons américains, dont Jack Dorsey, P-DG de Twitter, Emily Weiss, de Glossier, Matthew McCarthy, de Ben & Jerry’s, ou encore Ezinne Kwubiri, de H&M, ont signé une lettre ouverte pour protester contre les menaces grandissantes et inquiétantes pesant sur l’IVG aux États-Unis. Sur une pleine page du prestigieux « New York Times », ils déclarent purement et simplement que l’interdiction d’avorter est mauvaise pour les affaires (« bad for business »). L’argument économique, bien moins « honorable » que l’argument idéologique, peut surprendre, mais il est en réalité très malin et juste. Dans un pays où le commerce est roi, la déclaration fait mouche. Ces big boss, aux succès prodigieux dans des univers aussi divers que la tech, la mode, la food ou les cosmétiques, avancent que « l’égalité sur le lieu de travail est l’un des plus grands enjeux du monde des affaires. Lorsque chaque individu est encouragé à réussir, nos entreprises, nos communautés et notre économie fleurissent », plaident-ils. « Restreindre l’accès aux soins génésiques, y compris l’avortement, menace la santé, l’indépendance et la stabilité économique de nos employés et consommateurs. » Et de conclure : « En des termes simples : c’est à l’encontre de nos valeurs et c’est mauvais pour le business. » Quand on sait que ces 180 patrons emploient plus de 100 000 personnes, on les croit. Et on applaudit.
Mais si cette tribune est remarquable, c’est aussi sur un tout autre aspect : parmi les 180 signataires figurent plus de 80 hommes, des leaders prestigieux et progressistes dans un pays qui a plus que jamais besoin d’esprits libres influents. La remise en cause de l’accès légal à l’IVG n’est pas simplement une menace pour les droits des femmes, mais est bel et bien une question de droits de l’homme. Si l’on veut les préserver, il faut avancer côte à côte. Well done guys.
http://www.elle.fr/Societe/Edito/Les-patrons-au-secours-de-l-IVG-3794938