Les Etats-Unis ont menacé de sortir leur veto à l’ONU ce mardi 23 avril face à un projet de résolution voué à mieux punir les violences sexuelles contre les femmes lors des conflits armés. En cause, un passage évoquant « la santé sexuelle et pro-créative », qui induirait selon Washington un soutien à l’avortement.
C’est un texte qui avait tout pour paraître on ne ne peut plus consensuel. Ce mardi 23 avril, l’Organisation des Nations unies (ONU) examinait un projet de résolution allemand visant à combattre le viol comme arme de guerre. Il a pourtant été vidé de sa substance sous la menace d’un veto des Etats-Unis. Pour quelques mots, Washington était ainsi prêt à jeter l’ensemble du texte. Lesquels ? Une référence à la « santé sexuelle et reproductive » des femmes, que les Etats-Unis ont interprétée comme une promotion de l’avortement.
A l’origine, le texte, porté par l’Allemagne, qui préside pour un mois le Conseil de sécurité de l’ONU, visait à prévenir les crimes sexuels. « La violence sexuelle est répandue dans les zones de guerre. Nous devons agir », a écrit le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, dans une tribune signée avec l’actrice Angelina Jolie et publiée dans le Washington Post ce lundi. Le projet de résolution allemand entendait concentrer l’effort de la communauté internationale sur trois aspects. D’abord, que les auteurs de violences sexuelles soient tenus responsables de leurs actes. Ensuite, que la coopération internationale permette de réunir des preuves contre les coupables. Enfin, que le contrôle soit accentué, afin que chaque pays respecte ses obligations.
CONSTERNATION FRANÇAISE
Avocate de victimes yazidies, Amal Clooney a déploré la faiblesse de la réponse internationale. Elle a accusé les Etats-Unis et la Russie de s’opposer à la création d’une justice internationale contre ces crimes. La position des Etats-Unis a également été vivement dénoncée par la France. « Nous sommes consternés », a déclaré la France par la voix de son ambassadeur à l’ONU, François Delattre, avant d’ajouter : « il est intolérable et incompréhensible que le Conseil de sécurité soit incapable de reconnaître que les femmes et les filles qui ont subi des violences sexuelles en temps de conflit et qui n’ont évidemment pas choisi d’être enceintes, ont le droit d’avoir le choix d’interrompre leur grossesse », a-t-il dit.
LES ETATS-UNIS EN RECUL SUR L’AVORTEMENT
Car bien plus que n’importe quel élément du texte, la ligne rouge des Etats-Unis était bien là : Washington refuse que des femmes et des filles qui n’ont pas voulu tomber enceintes puissent mettre un terme à leur grossesse. Depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, le pays a en effet durci sa ligne concernant les droits reproductifs des femmes. L’un des tous premiers décrets du président actuel a par exemple été l’interdiction de financement d’ONG internationales soutenant l’avortement.