Journée mondiale de lutte pour le droit à l’avortement : La Belgique doit prendre en compte toutes les femmes !

Le 28 septembre, journée internationale de lutte pour le droit à l’avortement, nous rappelle chaque année que ce droit n’est toujours pas acquis et surtout qu’il est encore menacé, même en Belgique.

L’actualité belge à ce propos est d’ailleurs plus que décevante : après avoir mis au frigo la proposition de loi relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) cosignée par tous les partis excepté le CD&V, le cdH, la NVA et le Vlaams Belang, le groupe d’expert.e.s promis par l’accord gouvernemental du 30 septembre 2020 n’a pour l’instant abouti à rien. Malgré les nombreuses recommandations des fédérations de centres de planning familial, des associations féministes, et de la Commission nationale d’évaluation de la loi relative à l’interruption de grossesse, les politiques ferment les yeux depuis des années sur ce qui pourrait améliorer ce droit qui concerne la santé des femmes.

La Belgique continue d’ignorer les centaines de femmes qui, chaque année, ont dépassé le délai trop court de 12 semaines de grossesse et doivent « choisir » entre deux options : se rendre au Pays-Bas et payer de leur poche une coûteuse procédure d’IVG, ou bien être forcée de poursuivre une grossesse faute de moyens (financiers ou autres) pour pouvoir voyager.

La plateforme Abortion Right, plateforme bilingue qui rassemble les Fédérations de centres de planning familial et d’avortement, ainsi que des associations de défense pour les droits des femmes et pour les droits humains en général, a lancé en juin dernier un appel à témoignages pour recueillir la parole et le vécu des femmes ayant dépassé le délai légal d’avortement en Belgique.

Les réalités que les femmes nous ont confiées sont encore trop peu visibles. Pourtant, ces témoignages sont indispensables car ils confirment qu’il y a de multiples raisons pour lesquelles une femme peut être amenée à dépasser le délai légal. Voici quelques exemples de témoignages que nous avons recueilli et que nous souhaitons faire entendre à nos politicien.ne.s, dont leur devoir est, devons-nous le rappeler, de protéger et prendre en compte TOUTES les femmes :

  • Une femme de 37 ans, pharmacienne, qui prenait la pilule depuis 20 ans en continu découvre sa grossesse à 15 semaines => Elle a demandé une IVG au Pays-Bas à 16 semaines de grossesse
  • Une femme de 19 ans dont le partenaire ne s’est pas retiré lors du coït comme ils l’avaient pourtant convenu découvre sa grosse à 13 semaines => Elle avorte dans un hôpital privé belge pour la modique somme de 1000€ à 14 semaines de grossesse…
  • Une femme de 26 ans qui a oublié une prise de pilule et a une situation professionnelle, administrative et financière instable, découvre sa grossesse à 8 semaines => L’IVG médicamenteuse n’a pas fonctionné et le gynécologue n’ayant pas fait le suivi de cette IVG, la femme a dû partir au Pays-Bas pour avorter à 14-15 semaines de grossesse.
  • Une femme de 28 ans victime de violences de la part de son partenaire découvre sa grossesse à 7 semaines => Elle décide au bout d’une énième dispute particulièrement violente de sortir de cette emprise avec l’aide de la police. A 14 semaines et 3 jours d’aménorrhée, elle a dû partir au Pays-Bas pour demander une IVG.
  • Une femme de 41 ans prenant notamment des médicaments qui masquaient la grossesse, a découvert sa grossesse à 13 semaines de grossesse => Parce qu’elle avait entretemps demandé une ligature des trompes prévue de longue date, la gynécologue a accepté de pratiquer une IVG à 14 semaines de grossesse en Belgique
  • Plusieurs femmes de tous les âges ont témoigné concernant une grossesse résultant d’un viol : le traumatisme de cette violence sexuelle les avait empêchées de demander plus tôt une IVG.
  • D’autres femmes ont également témoigné d’une forme de violence spécifique : le sabotage contraceptif. En effet, plusieurs femmes de tous les âges ont mentionné le fait que leur partenaire ne s’était par exemple pas retiré lors du coït alors que c’était la méthode convenue.
  • Plusieurs femmes ont également rapporté avoir vécu un déni de grossesse qui les a empêchées de demander un avortement avant 12 semaines de grossesse.

Tous ces témoignages démontrent que le délai de 12 semaines est trop court, et cela pour des raisons diverses et variées. Il est urgent de tenir compte de chaque réalité vécue par les femmes afin qu’elles soient prises en charge en Belgique et non pas ignorées et envoyées au Pays-Bas si elles en ont les moyens.

La plateforme Abortion Right réitère ses revendications d’amélioration de la loi du 15 octobre 2018 relative à l’IVG : la reconnaissance de l’IVG comme une question de santé publique, l’allongement du délai légal, un délai de « réflexion » obligatoire raccourci à 48h, ainsi qu’un meilleur encadrement et soutien des femmes tout au long de la procédure d’IVG à l’hôpital. Parallèlement à cela, nous plaidons pour un meilleur remboursement de la contraception au-delà de 25 ans pour toutes les femmes, car la charge de la contraception repose quasi exclusivement sur elles.

Le droit à l’IVG est un droit qui concerne la santé des femmes : alors traitons-le comme tel !

La Plateforme Abortion Right

Contact presse : platform.abortionright@gmail.com (+32496654143)

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