France: Grève des IVG : le conseil de l’Ordre des médecins du Tarn porte plainte contre l’ancien président du Syngof

C’est la plainte de Gwendoline Cros, une Lilloise de 37 ans, qui a déclenché les événements. Elle reproche au docteur Marty, un gynécologue obstétricien du Tarn, d’avoir appelé les professionnels de santé à ne plus pratiquer d’IVG.

Courant mars, le Dr Jean Marty, inscrit à l’Ordre des médecins du Tarn et ancien président du Syngof (Syndicat des gynécologues de France), envoie une newsletter aux membres du syndicat. Dans celle-ci, il encourage les médecins de sa profession « à arrêter la pratique des IVG » (N.D.L.R. : interruption volontaire de grossesse) afin de faire « scandale » et obtenir, entre autres revendications, un rendez-vous avec la ministre de la Santé.

But de cette manœuvre : négocier avec les autorités sur un sujet sans rapport avec l’IVG, le fonds de garantie de leur profession. Avec en ligne de mire, régler le cas de quinze médecins condamnés à de lourds dommages pour erreur médicale. Pour ce qui est de faire scandale, l’objectif est atteint.

Les femmes prises en otage

Car lorsque Gwendoline Cros, une jeune Lilloise de 37 ans, en reconversion pour devenir sage-femme, apprend cela, elle est profondément bouleversée et décide de ne pas en rester là. « Je suis maman de 3 enfants, militante dans la périnatalité et les droits des femmes depuis plus de 10 ans. Et je suis fervente défenseuse de l’IVG. Si cette grève était mise en place, que fait-on ? On s’en fiche des lois ? Des délais à respecter ? », s’insurge-t-elle. Et de poursuivre : « Je comprends le fond du problème mais je ne comprends pas qu’on menace de prendre en otage les femmes. Quel est le rapport ? », se demande-t-elle.

C’est pourquoi Gwendoline Cros a décidé de porter plainte contre le Dr Marty, auteur de ces propos, devant le Conseil départemental de l’Ordre des médecins.

« Nous avons reçu plusieurs plaintes, confirme le docteur Étienne Moulin, président de cette structure tarnaise. Celles de plusieurs patientes, dont Mme Cros, d’un collectif qui défend l’avortement mais également du Conseil national de l’ordre. » Suite à un vote à bulletin secret, une majorité du Conseil a ainsi décidé de s’associer à ces plaintes. « Nous l’avons donc transmise à la chambre disciplinaire de 1re instance, qui est à Montpellier », détaille-t-il.
La plainte traitée en 2020

« Les propos du Dr Marty sont maladroits, constate-t-il, et cela utilise un argumentaire qui est très délicat en ce moment même où le droit à l’avortement est remis en cause dans plusieurs pays, comme c’est le cas actuellement aux États-Unis. Plusieurs médecins ont trouvé ça indigne, que cela donnait une image épouvantable de la profession », ajoute-t-il.
La plainte devrait être traitée début 2020 selon lui, mais le président du Conseil départemental de l’ordre rappelle que celle-ci n’est qu’une « plainte déontologique. Ce qu’il risque c’est un avertissement, un blâme ou une suspension d’exercice, rappelle-t-il. C’est une décision symbolique mais c’était important à mon sens pour ces femmes qui ont porté plainte qu’elles se sentent comprises. Ce droit des femmes qu’est l’IVG est trop souvent remis en cause, et venant d’un professionnel du corps médical, c’est inadmissible », conclut-il.

* Contacté, le Syngof n’a pas souhaité répondre à nos questions.
Une plainte a également été déposée contre le Dr Rochambaud, président du Syngof, inscrit en Seine-et-Marne.

https://www.ladepeche.fr/2019/07/01/greve-des-ivg-le-conseil-de-lordre-des-medecins-du-tarn-porte-plainte-contre-lancien-president-du-syngof,8288875.php

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