24/10/2019
En l’espace de 12 ans, 8 projets de loi visant à légaliser cette intervention ont été soumis dans ce pays, en vain
En vue des élections présidentielles et législatives qui se tiendront le 27 octobre en Argentine, manifestations et revendications ne cessent d’enfler dans le pays. C’est lors des 34es Rencontres nationales des femmes que les femmes argentines ont pris la parole pour replacer au coeur des débats l’un des sujets les plus controversés dans le pays : celui de l’avortement.
L’AVORTEMENT, UN SUJET AU COEUR DES 34ES RENCONTRES NATIONALES DES FEMMES
C’est plus de 200 000 femmes qui se sont rendues à La Plata, capitale de la province de Buenos Aires, où se tenaient les 34es Rencontres nationales des femmes, ou ENM. L’occasion pour elles de faire entendre leurs revendications sur l’avortement, au sein d’un pays encore profondément marqué par la religion, et dans lequel les IVG clandestines font de nombreuses victimes chaque année.
Les droits des femmes. Grand oublié de la campagne présidentielle, ce sujet revêt pourtant une importance capitale dans un pays où une césarienne pratiquée sur une enfant de 11 ans victime d’un viol avait fait grand bruit en février 2019.
Comme tous les ans depuis les ENM de 2003 à Rosario, l’avortement était au centre des revendications de ces femmes, qui viennent chaque année de plus en plus nombreuses pour assister à ces journées politisées. Comme le souligne l’avocate féministe Nina Brugo, ces journées sont au fil du temps devenues un « lieu d’échanges intenses, de débats, de confrontation d’idées, elles ont été à l’origine de l’obtention de nouveaux droits ». Cette année, elles ont défilé nombreuses et vêtues de vert, la couleur choisie pour symboliser la lutte en faveur de l’IVG.
UNE LUTTE DE LONGUE HALEINE
Ce n’est pourtant pas la première fois que des manifestations d’une telle ampleur pour légaliser l’interruption volontaire de grossesse ont lieu en Argentine. Le code pénal de 1921, toujours en vigueur aujourd’hui, ne dépénalise le recours à l’IVG qu’en cas de danger pour la vie et la santé de la femme enceinte, ainsi qu’en cas de viol.
Pour la huitième fois en l’espace de douze ans, un projet de loi visant à légaliser l’avortement, avait été abandonné le 8 août 2018, malgré un vote favorable de la part des députés. En cause, la pression des églises catholiques et évangéliques, très influentes dans le pays, qui s’étaient fortement mobilisées.
Pour cette raison, l’itinéraire de la manifestation des ENM avait fait débat au sein même de la communauté féministe. Alors que certaines souhaitaient éviter toute confrontation directe avec l’Eglise, d’autres ont choisi de frapper fort en passant devant les centres de pouvoir tels que la cathédrale, le palais du gouverneur de la province, le ministère de la Justice.
Le projet de loi sur l’IVG devrait de nouveau être discuté en 2020. Pour savoir si l’issue politique leur sera favorable, les femmes argentines devront attendre de connaître la composition de leur Parlement, qui sera révélée lors de la dépouille des urnes du 27 octobre.
Pour aller plus loin:
Reportage ARTE : https://www.arte.tv/fr/videos/091749-000-A/argentine-la-revolte-des-femmes/
Il y a quatre ans, les premières protestations se sont transformées en un mouvement pour les droits des femmes, incluant le droit à l’avortement. Bon nombre d’entre elles pensent que la société argentine est gangrenée par des comportements machistes où la femme est considérée comme un objet. Des milliers de personnes défilent régulièrement dans la capitale argentine…