Ce dimanche après-midi, un millier de manifestants anti-avortement sont descendus dans la rue de Bruxelles. Au même moment, toujours dans la Capitale, des militants en faveur de l’interruption volontaire de grossesse se rassemblaient à l’appel d’un collectif féministe. Dans la foule, deux jeunes filles aux idées opposées sur cette question qui demeure toujours sensible, 30 ans après la dépénalisation partielle.
Deux points de vue qui s’affrontent depuis 1978
Kelina et Denise ont toutes les deux avorté à 16 ans. L’une est pour l’interruption volontaire de grossesse, l’autre est contre. Alors aujourd’hui, toutes les deux manifestent. Pour Kelina, « la Belgique n’est pas à la hauteur. On ne m’a jamais proposé de voir un psychologue, et on ne m’a proposé une seule fois d’avoir un suivi quelconque. » Pour Denis, l’expérience de l’avortement a été très mauvaise, ce qui lui fait déclarer que « légalement ou non, l’avortement blesse les femmes et a tué mon enfant. Ca m’a blessé. Je pense que les femmes ont le droit d’avoir toutes les informations sur tous les facteurs de risque. »
Ces deux points de vue s’affrontent depuis 40 ans déjà. En 1978, un millier de personnes défilent à Bruxelles contre la dépénalisation de l’avortement. Aujourd’hui, les arguments restent les mêmes, comme en témoignent ces propos d’une manifestante anti-avortement, présente dans la manifestation contre l’avortement, qui se déroulait à Bruxelles aujourd’hui. » Je suis là pour exprimer mon désaccord face aux lois pro-avortement, qui s’apparentent à une condamnation de l’être humain » affirme-t-elle.
Mais la dépénalisation se fera tout de même en partie en 1990 avec ce vote au parlement. Mais ce vote posera un problème de conscience au Roi Baudouin, ce qui le poussera à se placer en incapacité de régner.
Octobre 2018: une nouvelle avancée dans le débat
30 ans plus tard, un nouveau cap dans la lutte en faveur d’un meilleur accès à l’avortement est franchi avec sa sortie du code pénal. Une sortie qui est assortie, cependant, de plusieurs conditions. Il doit se faire avant 12 semaines. La femme doit prendre également un délai de réflexion de 6 jours entre deux visites chez le médecin, et ce dernier doit informer la patiente sur les possibilités d’adoption. Les défenseurs de l’avortement dénoncent des conditions rétrogrades. » Nous réclamons que cette loi soit révisée de manière à ce que nous n’imposions pas aux centres pratiquant l’IVG ce délai de réflexion de 6 jours et que la femme doit justifier ses choix. »
Après 40 ans de manifestations pour et contre l’avortement, le débat continue de faire rage. Et ne manquera pas de s’inviter au parlement comme dans la rue.