En Belgique, les débats politiques sur l’avortement suite au dépôt, en 2019, de propositions de loi visant à améliorer l’accès à l’IVG, ont été alimentés par des préjugés sur les femmes dépassant le délai légal belge de 12 semaines. Beaucoup de contre-vérités ont été énoncées, comme le fait que ces femmes prendraient cela à la légère ou ne feraient pas attention à leur contraception.
Face à ce constat, la plateforme Abortion Right a lancé, en juin 2021, un appel à témoignages pour recueillir la parole et le vécu des femmes ayant dépassé le délai légal pour obtenir une IVG en Belgique.
Chaque année, des centaines de femmes confrontées à un refus à cause du délai partent avorter aux Pays-Bas, en payant de leur poche les 1000 euros nécessaires pour le voyage et le prix de l’intervention. Celles qui n’en ont pas les moyens sont forcées de mener à terme une grossesse non désirée et d’accoucher contre leur gré. De ces dernières, on ne sait rien…
En effet, à l’exception d’une étude de 2019 3 qui analyse le profil des femmes qui ont obtenu une IVG en Hollande, sur la base de leur niveau d’éducation, de leur emploi ou de leur situation familiale, ces femmes et leurs histoires restent invisibles. Une invisibilité renforcée par le tabou qui règne toujours autour de l’IVG en Belgique. Dans leur grande majorité, celles qui ont eu recours légalement à l’IVG en Belgique ne veulent pas en parler ni le faire savoir.
Le tabou reste puissant et l’est encore davantage sur le vécu des femmes qui ont dépassé, même de peu, les 12 semaines et ont avorté à l’étranger. À elles, de se débrouiller avec l’aide des plannings et des médecins qui ne peuvent pas les prendre en charge sur le territoire national. La Belgique ferme les yeux, et ne les poursuit pas ; ni vu ni connu.
Cet appel à témoignages a pour objectif de donner la possibilité aux femmes de témoigner anonymement pour remettre leur vécu au cœur des débats : que s’est-il passé pour que ces femmes soient hors délai ? La question est simple, et leurs réponses très éclairantes.
Il en faudrait davantage, mais que toutes soient remerciées d’avoir franchi le pas, et d’avoir ouvert la voie à une meilleure compréhension de cet enjeu de santé pour les femmes, qui est aussi un enjeu politique.